ma vision du deuil

Dans la langue française le mot deuil désigne à la fois le fait de perdre une personne mais aussi la souffrance qui suit cette perte. Donc c'est à la fois un fait et une conséquence. C'est un tout. Quand j'ai perdu mon fils j'avais l'impression qu'une partie de moi m'avait été arrachée. La vie continuée au ralentie avec cette sensation de vide que rien ne pouvait combler. Les gens autours de moi me disaient, qu'il fallait me relever, continuer à vivre pour lui, pour sa mémoire, il me fallait faire le deuil.
Faire le deuil pour moi c'était l'oublier, passer à autre chose, me reconstruire sans lui, sans son souvenir. Ca m'était impossible, j'étais incomprise.
Puis je me suis rendue compte que ce n'était pas ça faire son seuil au contraire : c'est ce reconstruire à travers l'absence et avancer en ayant à l'esprit que la personne disparue, fait partie à part entière de nous et qu'elle continue à nous faire évoluer. Je reste la mère de Markus et il fait parti de ma vie quotidienne. Le travail de deuil m'aide à surmonter la perte physique mais développe à côté mon attachement spirituel.
Donc pour moi  le deuil est avant tout un outil de mémoire qu'un instrument de l'oubli. C'est pour ça que je pense que le deuil n'est pas le but de la guérison mais plus le chemin.

Les gens demandent souvent si "on a fait notre deuil". Tu penses que le deuil est le chemin de la guérison, est ce que tu crois que le deuil ca se termine alors?
Que le deuil soit le but de la guérison ou le chemin j'ai l'impression que je n'arriverai jamais a vraiment guérir de la perte de mon fils. J'ai déjà perdu des proches mais la perte de son propre fils, je ne vois pas comment on peut en "guérir"...
Bonne continuation.

Non en toute honnêteté je ne pense pas que l'on puisse faire le deuil de son enfant. Je dis souvent à mon mari que quelque chose en moi c'est brisée, mes valeurs, ma vision du monde, des gens de la vie en général. Mais j'apprend à vivre autrement en restant la mère de mon petit Markus qui n'est plus présent physiquement et en étant bientôt la mère de Diane qui va être parmis nous. Deux rôles à la fois différents et similaires. Tous les jours mon fils me manque mais je me bas pour être la mère qu'il aurait voulu que je sois. C'est très dur de ne pas le prendre dans mes bras, de ne pas l'entendre me dire "maman" mais je dois vivre avec, je n'ai pas le choix. C'est ce que je voulais dire, avancer sur le chemin de la vie avec cette dualité souffrir de la perte mais apprécier encore plus le moment présent car je sais aujourd'hui qu'à tout moment tout peut basculer. Je suis d'accord avec toi, on ne peut pas guérir, c'est une cicatrice qui à la fois me fait mal  mais qui m'a amené l'amour absolu d'un enfant à sa mère.
bonne continuation à toi aussi même si je sais que certains jours sont plus difficiles que d'autres